Le 25 février, dans la petite église de l’Épiphanie de la rue Wellington, Ciné-Verdun présentait L’arche d’Anote. Réalisé par Matthieu Rytz, cinéaste et photographe spécialisé en anthropologie visuelle, le documentaire a semblé toucher les participants. Ils étaient une quarantaine de cinéphiles à avoir bravé les bourrasques pour assister à la présentation. Une discussion a suivi, animée par Céline-Audrey Beauregard, du mouvement citoyen Demain-Verdun, avec Laurent Lepage, professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM. Les participants ont pu témoigner de ce qu’ils ont ressenti en voyant le film et entendre l’opinion de l’éminent spécialiste. La soirée a également permis de conclure sur une note positive malgré le sérieux des enjeux environnementaux. Retour sur une activité porteuse d’espoir.
Des îles paradisiaques, oui, mais…
Quelque part dans le Pacifique entre l’Australie et Hawaï se trouvent les îles Kiribati. Situées à cheval sur l’équateur, ces îles paradisiaques habitées par quelque 100 000 personnes sont malheureusement appelées à disparaître au cours de ce siècle selon les scientifiques du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) . La raison? L’augmentation du niveau de la mer et l’accroissement de l’intensité des cataclysmes causés par les changements climatiques.
Fuir ou bâtir autrement
Anote Tong, président des Kiribati de 2003 à 2016 a tenté de sonner l’alarme auprès des dirigeants du monde entier et de trouver des solutions pour son peuple. Le préparer à devenir des réfugiés climatiques, planifier la migration dans la dignité, chercher une terre d’accueil, sensibiliser les pays industrialisés à l’impact de leurs émissions de carbone, chercher le moyen de rester, voilà les idées qu’il a soupesées, avancées, débattues. Il a envisagé toutes sortes de scénarios allant de la construction d’îles flottantes, au rehaussement des îles Kiribati. Son gouvernement a même acheté des terrains aux îles Fidji. Son peuple pourrait y migrer dans la dignité avant le désastre. Mais quand ? Comment ? Quels en sont les coûts ? Les impacts sur l’identité de son peuple ? Sur la nation de la terre d’accueil ? Voilà ce que nous raconte le film avec, en parallèle, l’histoire d’une jeune mère kiribatienne dont la maison a été inondée. Elle décide de participer à un programme d’immigration avec la Nouvelle-Zélande afin d’y trouver du travail et d’éventuellement y faire venir sa famille. Déchirante, mais inspirante histoire de courage d’une femme résiliente qui choisit de vivre dans l’action plutôt que dans l’attente.
Justice climatique
On constate que les régions du globe les premières touchées par les changements climatiques sont souvent celles qui y ont le moins contribué. Durant les discussions ayant mené à l’accord de Paris en 2015, la notion de justice climatique est promue, notamment par Barack Obama. À l’époque, il prône l’importance de soutenir financièrement les populations vulnérables. Mais les leaders politiques changent, les conférences sur le réchauffement climatique se succèdent et les engagements tardent à se concrétiser. N’est-ce pas décourageant?
Il faut garder espoir, selon le professeur Lepage. Il mentionne l’importance de la recherche scientifique sur laquelle le législateur peut s’appuyer pour modifier des lois environnementales. En outre, selon le chercheur, le simple fait que des citoyens se rencontrent pour parler de gestes concrets à poser en regard de la transition climatique, c’est porteur d’espoir. Restant optimiste, il souligne au passage que la lutte aux changements climatiques rassemble des publics de tous âges comme ce fut le cas ce soir-là dans une petite église de Verdun. Voilà une mobilisation intergénérationnelle des plus intéressantes face à un enjeu global.
Prochains rendez-vous de Ciné-Verdun
Lundi 11 mars 19 h – Ciné-Rencontre en collaboration avec le Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV).
Les bâtisseurs : 40 ans d’habitation communautaire au Québec.
Un documentaire retraçant la lutte et l’engagement d’individus aux parcours uniques et passionnants, qui nous raconte l’extraordinaire révolution dans le monde de l’habitation communautaire au Québec au cours des 40 dernières années.
La réalisatrice Flavie Payette-Renouf sera présente lors de cette projection !
Samedi 23 mars dans le cadre de la Cabane Panache et Bois rond
13h30 – Ciné-lecture pour enfants de 4 à 12 ans
Projection de courts métrages, programmée avec la complicité de l’ONF et du Carrousel international de Rimouski.
La conteuse Geneviève Falaise lira des contes traditionnels du Québec.
15 h – Voyage dans les bois et le folklore du Québec des années 50 et 60
Projection de courts métrages documentaires de l’ONF des années 50 et 60 comme « Bûcherons de la Manouane » d’Arthur Lamothe, « La drave » de Raymond Garceau ou «Enr’venant de St-Hilarion» de René Bonnière et Pierre Perrault. On va danser la gigue!
17 h – Le goût d’un pays, documentaire de Francis Legault avec Gilles Vigneault et Fred Pellerin
Toutes les présentations de Ciné-Verdun ont lieu au sous-sol de l’Église de l’Épiphanie à l’angle des rues Wellington et Gordon.
Nos remerciements à Brian Perron, pasteur.