Féérie sauvage

Féérie sauvage

Pendant cette étape hors du commun où le monde s’est arrêté, il m’est arrivé de nombreuses aventures. Des aventures rocambolesques lors desquelles je me suis sentie dépourvue, offusquée, enragée, remise en question, émerveillée, inspirée, même heureuse! Car j’eus la chance d’éclore comme par enchantement et de vivre une renaissance intérieure hors de toute attente.

Il faut dire que je ne savais plus quoi penser tellement toute cette agitation mondiale me semblait absolument décalée, je ne voulais plus y croire à ce virus. À force, j’avais envie de crier : stop, stop, stop! Réveillez-vous! Réveillons-nous!

C’est alors que le “nous” c’est réveillé dans le jeu de mon “je”.

« La féerie sauvage » est arrivée un matin de cette période de confinement comme un point de bascule dans mon devenir, une évidence forte à incarner de manière visible la poésie, la fantaisie, la magie présente en moi et partout autour de moi. Ce matin-là, il devenait impératif que mon visage reflète cette lumière d’or dont mes cellules étaient gardiennes. Je voulais honorer la vie scintillante, la vie espoir, la vie force, la vie fulgurante, la vie renaissance. Après des semaines cloîtrée dans ma citadelle, à l’intérieur de moi-même, emprisonnée et révoltée, inspirée et revêtue d’un feu ardent que j’avais réveillé patiemment et avec ferveur, je choisissais de vivre l’expérience ardue de cet emprisonnement collectif et individuel, en aiguisant mes armes pacifiques : ma plume, ma voix, mon corps.

«Féerie sauvage Brûlure de l’âme Soleil du coeur

Voie-voix-voie de ton essence.

Vole dans l’or de ta demeure vers l’océan des pleurs et des rires.

Que ta victoire à chaque pas soit lune et soleil en miroir Ton chemin est étoiles qui s’embrassent et ta lueur étrange : miracle et espièglerie!

Grande bouche de la mémoire reflète mon poème-corps et permet moi d’avancer toujours émerveillée!

Merci ô Vie!»

Je me suis levée ce matin-là, après avoir fait un rêve étrange. Dans ce rêve, je parlais à l’humanité du haut de l’escalier de ma maison qui donnait sur le toit, où s’ouvrait devant moi un vaste ciel bleu. De ce ciel incroyable illuminé d’étoiles, je voyais la déesse nuit qui me regardait avec délicatesse et me montrait par résonnance la lueur que j’avais si longtemps réprimée. Cette lueur qui était restée longtemps cadenassée et qui ne savait plus s’exprimer. Une voix qui pleurait parce qu’elle ne prenait pas les devants de sa voie.

Dans ce rêve, j’ai décidé de me tenir debout, de me lever depuis le dedans de mon être… Et de crier, hurler la colère si longtemps emmaillotée, privée d’air, privée de souffle, privée de corps. Tellement l’armure de souffrance que je portais m’avait volé mon rythme intime, mes entrailles, mon cri de louve, ma prière pour le monde.

J’ai décidé de me lever, d’étendre les bras dans toutes les directions comme Shiva et Parvati, les dieux et déesses hindoues aux nombreux bras, pour retrouver la force en moi de bâtir mes rêves. Et de marcher mon chemin de femme avec beauté et dignité. Ne plus me laisser faire par les croyances intérieures et extérieures limitantes qui me faisait baisser les bras, restée en tétanie devant un poisson rouge! Il en était fini de la pensée anéantie, bras ballants, pieds bloqués, fâce à l’éternité du présent.

Je décidais d’habiter l’étoile, d’habiter l’étoile de ma nuit et de vibrer à l’unisson de celle-ci.

Margaux Lecolier

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