Moi Alfred, mort du coronavirus à 84 ans, avant mon temps

Moi Alfred, mort du coronavirus à 84 ans, avant mon temps

Avant de naître, mon âme a reçu sa mission
Si petite soit-elle, elle sera importante m’a-t’on dit
Puisque nous serons des milliers
À l’accomplir en même temps.
Je ne connais que ma partie à moi
Mais quand je serai sur terre
Je ne m’en souviendrai pas.
Mais j’ai confiance
Ça va bien aller !

J’ai vécu une très belle vie
J’ai aimé, j’ai été aimé
J’ai fondé une belle famille.
Pour mes 80 ans,
Ma douce a écrit l’histoire de notre amour, de notre vie.
Un jour, j’ai demandé « mais qui est-ce donc ? » dans une page de ce beau livre
Et j’ai commencé à perdre la mémoire.
On a dû me placer dans un CHSLD
Où chaque matin je rencontrais de nouveaux amis.
Tous les jours, plein de personnes gentilles venaient me voir.
Une fois, on est venu chanter à ma fenêtre
C’était vraiment beau.
Puis, j’ai déménagé de chambre, au deuxième étage.
Les infirmières, les préposés, tout le monde portait des masques.
Je n’ai pas été malade bien longtemps
Et seul, dans ma chambrette, le coronavirus m’a emporté.

Je suis maintenant au ciel et je reconnais tous les miens.
Mais ils sont si tristes.
C’est en voyant ce qui se passait en bas, que j’ai compris.
Ma petite mission, ainsi que celle de tous les aînés partis avant leur temps,
Était de faire comprendre aux générations qui nous suivent
L’importance de prendre le temps de vivre
De respecter notre belle nature
De retrouver notre émerveillement devant sa grandeur et sa beauté
De se savoir ses invités et non son maître
De construire un monde nouveau
Basé sur des valeurs de respect, de solidarité, d’autonomie.
De consommer seulement en vertu de nos besoins.
De là-haut, on prie pour vous tous, un jour ça va bien aller !

Giselle

Laisser un commentaire