Mardi soir, Diego Creimer et moi rencontrions quatre bénévoles de l’îlot : Christian Duplessy, Léandre Schliffer, Kevin Guezennec et Claire-Marie Péchard, afin de créer les conditions minimales pour que la monnaie locale îlot débarque à Verdun, en convaincant un nombre suffisant de commerçants et d’utilisateurs verdunois de l’essayer.
Pour ceux qui ont vu le documentaire DEMAIN de Cyril Dion et Mélanie Laurent, l’idée d’adopter une monnaie locale figure parmi les solutions proposées pour ‘’augmenter la richesse de la communauté et de son environnement en favorisant les circuits courts’’.
Utiliser une monnaie locale encourage une consommation responsable autant chez les commerçants que chez les consommateurs, de manière positive, au lieu de les pénaliser par la mise en place de nouvelles contraintes ou de nouvelles taxes.
En effet, un commerçant qui décide d’utiliser une monnaie locale pour payer ses fournisseurs va peut-être être porté à rechercher des circuits de distribution plus courts et plus locaux. Dans la même logique, un client qui achète avec cette même monnaie va peut-être s’intéresser davantage à la provenance des produits qu’il achète et souhaiter que ceux-ci parcourent peu de kilomètres.
On peut facilement imaginer un boulanger qui achète sa farine chez l’épicier du coin, lequel achète son expresso dans un café qui lui, paye ses frais de loyer de co-working à un propriétaire qui achète sa bière dans un bar du quartier, le tout payé en monnaie locale.
Une monnaie locale encourage ce type de circuits courts en fidélisant les clients qui pourraient, par réflexe, avoir tendance à se procurer certains biens dans les multinationales. Cela dynamise l’activité économique locale tout en renforçant le sentiment d’appartenance avec les commerces de proximité.
D’accord, mais pourquoi utiliser une monnaie locale plutôt que le dollar si on consomme déjà de manière responsable, c’est-à-dire en encourageant les circuits courts ? Qu’est-ce qui inciterait un consommateur à délaisser sa carte de crédit qui lui permet d’accumuler des bonis dollars (ou autres valeurs de récompense) lors de ses achats, si ce n’est le fait de vouloir éviter de faire payer des frais de 1,2 à 3 % aux commerçants ? C’est la question que j’ai posée à Kevin afin de pousser plus loin la réflexion.
Pour reprendre ses mots, en plus d’encourager des circuits courts, acheter avec l’îlot permettrait une certaine redistribution de la richesse en finançant des projets tels que des jardins partagés, des groupements d’achats pour les citoyens, des outils pour tendre vers le zéro déchet ou tout autre projet citoyen.
Claire-Marie a, quant à elle, mentionné l’idée d’instaurer des rabais automatiques aux personnes à faible revenu pour leur permettre d’acheter des produits bios et locaux issus des commerces associés à la gentrification ou le financement de projets locaux de transition choisis par les utilisateurs.
Le financement dont on parle provient des placements en dollars chez Desjardins, Caisse d’économie sociale et solidaire, qui gère les comptes de l’îlot et dont l’OSBL a un droit de regard. Pour dire les choses simplement : l’utilisation de l’îlot multiplie la valeur de l’argent puisque les dollars convertis (ceux qui dorment à la banque) financent des initiatives locales avec la Caisse Desjardins pendant que les îlots servent aux échanges locaux.
C’est aussi sécuritaire qu’une banque conventionnelle, mais il n’y a pas de spéculation.
La conversion de dollars en îlots est gratuite et un dollar vaut un îlot. La reconversion d’îlots en dollars occasionne des frais de 4 ou 5 % aux commerçants qui sont les seuls habilités à le faire. Dans le moment, le 4 ou 5 % de frais de reconversion sert entre autres à couvrir les frais de l’OSBL de l’îlot qui n’emploie aucun salarié. L’argent placé est disponible en tout temps en cas de reconversion.
Actuellement, les transactions se font uniquement par cellulaire car l’impression de billets et la gestion de distributeurs occasionneraient un coût important. Même si nombreux sont les consommateurs qui ont un cellulaire, tous ne paient pas nécessairement pour avoir des données mobiles. Les commerces qui offrent du wifi permettent de contourner ce problème.
Le site Web de l’îlot répond à de nombreuses questions sur Comment ça marche, autant pour les professionnels que pour les particuliers, ce qu’est une monnaie locale complémentaire, etc.
https://ilot-montreal.org/
https://www.facebook.com/pg/ilotmontreal/
Comme les fondateurs et partenaires de l’îlot sont tous des bénévoles, ils comptent sur des relais citoyens pour créer les liens de confiance entre commerçants et consommateurs et sur la rétroaction future des utilisateurs pour bonifier leur offre.
Comment pouvons-nous, nous citoyens, contribuer à implanter l’îlot à Verdun ?
- En s’ouvrant un compte îlots (https://moncompte.ilot-montreal.org/inscription). L’inscription est gratuite pour les professionnels et les particuliers et aucun frais n’est appliqué ensuite pour faire des transactions ;
- En invitant des membres bénévoles de l’îlot à présenter et répondre aux questions des gens lors d’événements grands publics tels que des soirées documentaires ;
- En s’offrant comme ambassadeurs à Verdun pour une durée de 6 mois, à raison de 1 à 2h par semaine environ (vous pouvez me donner vos noms en me contactant via la page Contact du site Web de Demain Verdun). Ces bénévoles bénéficieront d’une formation pour les guider dans leur mandat, soit d’aller à la rencontre des commerçants, de les aider à implanter la monnaie locale dans leur commerce, de veiller à son bon fonctionnement, de mettre des affiches sur les portes des commerçants, de prendre en photos les commerces et de les diffuser sur les réseaux sociaux ;
- En faisant individuellement la promotion de cette monnaie locale auprès des commerces que nous aimons 😉 et/ou en les proposant à l’îlot via leurs réseaux sociaux ou formulaire de contact ;
- En convaincant nos politiciens d’en parler.
L’un des bénévoles a mentionné la sortie prochaine du film ‘’Qu’est-ce qu’on attend ?’’ qui parle entre autres de l’adoption d’une monnaie locale en Alsace.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller lire ce qu’on en dit sur Internet :
À l’initiative de la municipalité, Ungersheim a lancé en 2009 un programme de démocratie participative, baptisé « 21 actions pour le siècle » qui englobe tous les aspects de la vie quotidienne : l’alimentation, l’énergie, les transports, l’habitat, l’argent, le travail et l’école. « L’autonomie » est le maître mot du programme qui vise à relocaliser la production alimentaire pour réduire la dépendance au pétrole, à promouvoir la sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables, et à soutenir l’économie locale grâce à une monnaie complémentaire (le Radis).
https://www.mariemoniquerobin.com/questcequonattend.html
Verdun ne serait pas le premier quartier de Montréal à favoriser l’utilisation de l’îlot. Quelques commerces de Rosemont, Anjou et Villeray le font déjà.
Alors Qu’est-ce qu’on attend pour implanter l’îlot à Verdun ?