Adolescente, dans ma banlieue lavalloise, je marchais avec un copain d’école quand il a jeté par terre l’emballage de la barre de chocolat qu’il venait d’ouvrir.
« J’ferais pas ça dans le bois, mais dans la rue, c’est bon! Ça crée de la job! »
Je crois que la stupidité de cette réflexion a semé en moi une petite graine qui a grandi au fil du temps et des événements.
Alors, après 4 ans d’attente pour l’ouverture de cette plage, j’ai été horrifiée de constater combien, après seulement deux jours, c’était déjà dans en piteux état.
Inspirée par la « Mission 100 tonnes », je me suis dit que je ferais une « Mission mille butchs ».
Lors de mon premier ramassage, jeudi dernier, j’ai été surprise de constater la réaction positive des gens. Les uns venant me porter leurs butchs, les autres me demandant si je prenais aussi leur gomme, d’autres me disant « c’est pas mes butchs ! Moi je les ramasse, j’vous jure ».
Une autre m’aidait à trouver les butchs cachés entre les rochers. Quand elle m’a revu hier, elle m’a gratifié d’un beau « Hey! Bonjour Madame butch »
Certains m’ont demandé pourquoi je faisais ça. « Parce qu’on a une belle plage urbaine et que j’aimerais bien la garder propre. Alors je ramasse les petites cochonneries avec spécialisation en butch! »
Je dois dire aussi que plusieurs m’ont confié avoir fait la même chose. Alors je n’ose imaginer comment ce serait si on n’avait rien ramassé.
Peut-être que, si on laissait une section de la plage avec tous ces détritus, les gens finiraient par comprendre à quel point ce n’est pas accueillant.
Merci à tous ceux qui sont venus m’accompagner lors du ramassage d’hier. C’est plus encourageant en groupe. Bon, ce serait tellement mieux si on n’avait pas à le faire, mais ça…. c’est une autre histoire.
Anne Chevrier