Il est 10h en ce samedi 5 octobre 2019 au cœur du beau jardin pour la biodiversité de la Maison Nivard-De Saint-Dizier qui s’allonge avec grâce en haut des berges du fleuve Saint-Laurent à Verdun.
L’automne déjà annonce ses couleurs dans les arbres teintés de rouge et de jaune ainsi que dans une douce fraîcheur matinale. Heureusement qu’un soleil radieux se décide à réchauffer rapidement l’atmosphère tout comme il le fait avec les insectes vivant dans ce magnifique espace en renaturalisation où la flore reprend ses droits avec panache. Une vingtaine d’enfants et adultes s’est donné rendez-vous de bon matin pour en apprendre plus sur l’entomologie à savoir, l’étude des insectes.
Laurent, Catherine et Anastasiya, les employés de la Maison de l’Environnement de Verdun, sont là pour parler plus en détails de ces petits animaux si fascinants, mais si méconnus. Qu’est-ce qu’un insecte? Que mangent-ils ? Pourquoi sont-ils si nombreux ?À quoi servent-ils ? Pourquoi disparaissent-ils aussi vite ?
Toutes ces nouvelles connaissances absorbées par les participants, il est temps de les mettre en chasse de leurs objets d’étude désormais un peu moins mystérieux… « Mais comment faire ? » s’interroge un jeune participant. « Est-ce qu’on va les tuer les insectes? » s’inquiète un autre. « Non, on n’a pas besoin de les tuer, même si c’est plus facile de les observer ainsi, mais tu pourras les prendre en photo vivants et on pourra te dire qui sait! » répondent les trois animateurs.
Voici donc les armes inoffensives qui seront employées : un filet entomologique, une toile de battage et un piège-fosse. Le filet entomologique, c’est la méthode la plus simple : il se passe tout simplement dans les hautes herbes afin de capturer tout ce qui y vit (ou en l’occurrence, ce qui s’y dore au soleil du matin) et on retrouve les insectes au fond du filet. La toile de battage, c’est plus compliqué, quoique : il s’agit d’une toile carrée de tissu que l’on tend en dessous d’une branche qu’on vient ensuite frapper avec un bâton ou secouer de la main afin d’en faire tomber les hôtes sur la toile et là, deux choix : on les capture soit avec une pince molle soit à l’aide un aspirateur buccal (pas de risque d’avaler une belle prise, c’est prévu pour cela!). Enfin, le piège-fosse : c’est la méthode la plus passive, car il s’agit d’installer un pot de yogourt vide et ouvert dans le sol avec le bord au niveau de la surface de ce dernier et de le laisser ainsi plusieurs heures avant l’observation : tout insecte qui court sur le sol tombera par inadvertance dans le piège et fera ainsi l’objet de notre curiosité.
Sitôt présentées, sitôt employées ! Voici les chasseurs en pleine action capturant à tout va criquets, grillons, guêpes, punaises, pucerons, scarabées, coccinelles, papillons (incluant le beau et grand monarque) etc. Il n’y a pas que des insectes qui sont victimes des chasseurs en herbe : d’autres arthropodes tels que les araignées, les acariens, les mille-pattes et les cloportes font également partie du tableau de chasse !
Tant les adultes que les enfants sont subjugués de leurs captures colorées aux formes si différentes et dont la découverte a autant d’importance que l’identité révélée par les trois animateurs. « Est-ce que je pourrais plutôt l’appeler Raphaëlle ma sauterelle Monsieur? ». Une seule réponse à cette question : « Peu importe le nom que tu leur donnes, car ils garderont toujours leur nom scientifique, mais si cela te permet de t’attacher aux insectes et d’y faire plus attention, c’est cela l’important! ». Observations et prises de photos, mais surtout identification de nos nouveaux amis en utilisant des guides entomologiques avec l’aide des animateurs, voilà ce qui occupa jusqu’à midi tous les participants de l’activité.
Si beaucoup sont un peu restés sur leur « faim » d’en apprendre plus, il faut gager qu’au regard de l’excitation et de l’intérêt qui régnèrent durant ces deux heures ce matin, la très grande majorité des participants verront désormais d’un œil nouveau tout insecte qu’ils croiseront dans leur vie et feront en sorte que ces derniers puissent continuer de nous émerveiller et de nous aider encore longtemps.
« Car si beaux soient-ils, les insectes sont surtout indispensables au fonctionnement de nos écosystèmes et s’ils étaient amenés à disparaître complètement en raison de l’action délétère sur ces écosystèmes qu’a l’espèce humaine, cette dernière disparaîtrait elle aussi et rapidement. Ainsi, il est au final primordial que des lieux tels que le jardin pour la biodiversité de la Maison Nivard-De Saint-Dizier soient créés (et que leurs créateurs en soient remerciés !) et maintenus afin de permettre la sauvegarde et la bonne santé des populations d’insectes qui vivent dans nos villes pour que notre émerveillement, comme eux, ne s’éteignent jamais. »
Laurent Rousseau
(Crédits photos : Catherine Choquette de La Maison de l’Environnement)