Je suis venue en Nouvelle-Zélande pour les 75 ans de mon frère. Un virus a bousillé les plans pour mon voyage de retour. Donc j’ai eu le plaisir de vivre le temps de la COVID-19 en famille, la première fois que je passe du temps avec mon frère depuis 1958.
Jacinda Adern, premier ministre de la Nouvelle-Zélande. Chaque midi elle répète : « We’ll beat this together. Be strong. Be kind. » (Nous vaincrons ensemble. Soyons résilients. Soyons gentils.) Comment ?
Ici le gouvernement a clairement exprimé son désir de mettre les vies humaines avant l’économie et a agi en conséquence. ‘Act hard. Act early’. (Agir rapidement avec sévérité.)
Dès le 2 février, la frontière a été fermée à toute personne provenant de la Chine sauf les ressortissants néo-zélandais, même si les étudiants et les touristes chinois contribuent énormément à l’économie du pays. Et toute personne entrant au pays fut mise en quarantaine surveillée pendant 14 jours, dans des hôtels à Auckland réquisitionnés par le gouvernement. Suite à l’imposition des mesures d’urgence pour toute la population le 26 mars, les itinérants ont été hébergés et nourris par des organismes communautaires mandatés par le gouvernement, afin que les consignes d’isolation puissent être respectées par tous. Il y a eu des subventions aux entreprises pour soutenir les travailleurs privés d’emploi pendant la réclusion. Seuls les supermarchés et les pharmacies furent ouverts, uniquement pour les moins de 70 ans. Les grandes quincailleries ne furent accessibles qu’aux entrepreneurs enregistrés. En contrepartie, toutes les entreprises ont pu opérer le commerce en ligne avec livraison. Toute la population devait rester dans sa bulle, chez eux. Seule permission : l’exercice dans le voisinage à deux mètres de distance d’une autre personne. Interdiction même de flatter les chiens d’autrui.
Ce que j’ai trouvé le plus merveilleux est que dès le début de la crise le support des voisins s’est mis à l’œuvre. Ma belle-sœur a rejoint les occupants des cinq maisons voisines pour organiser l’aide à quiconque en avait besoin. Et chaque maison avoisinante en faisant autant avec ses propres cellules.
Vous me direz que je suis en banlieue… Qu’en ville ce n’est pas pareil…
Pourtant, ma nièce vit à Auckland. Ses voisins sont Yvan, qui est aveugle, et sa compagne Shirley. En temps normal, ma nièce et Shirley échangent des créations culinaires sur une base régulière. Le vieux couple, 85 ans et plus, est ravi que Ezra, 2 ans, vienne comme livreur. En février, Shirley a subi l’ablation d’un sein. À son retour d’hôpital, une voisine à la retraite, en couple, a laissé son chez-soi pour s’installer chez Yvan et Shirley jusqu’à ce que cette dernière ait récupéré. Les exemples d’entraide foisonnent.
Hier, jeudi le 14 mai, après sept semaines de restrictions, la Nouvelle-Zélande a entrepris le retour à la normalité. Actuellement il n’y a pas de transmission communautaire du virus. La population est félicitée par la première ministre et le directeur de la santé qui, chaque jour à midi, faisait le bilan, communiquant avec émotion le total des 21 morts qu’il y a eu dans le pays, et détaillant chacun des 1147 cas de COVID-19, tous reliés aux voyageurs arrivant de l’étranger.
Hier, le budget de la récupération fut déposé par le gouvernement de coalition: Labour, New Zealand First, Greens. Beaucoup de support à l’emploi et aux revenus des travailleurs. De l’argent pour l’environnement, le logement social, la réorientation plus écologique en agriculture et construction, l’expansion d’un programme de dîners gratuits pour les écoliers, la promotion du tourisme domestique.
De la solidarité et de l’espoir pour une société profondément humanitaire dans laquelle j’ai eu le grand bonheur d’être victime d’une gouvernance de la pandémie absolument irréprochable.
Diane Norman