La Marche pour la planète et vers une cohérence interne

La Marche pour la planète et vers une cohérence interne

En avril 2018, je créais le groupe Facebook Demain Verdun et y publiais de courts articles sur les initiatives citoyennes que je découvrais au fur et à mesure, en participant à une plantation de l’Escouade verte, en prenant part au projet de création d’une oasis pour les Monarques, en découvrant les jardins collectifs d’Un plan de tomates à la fois, en assistant à une projection documentaire de Ciné-Verdun suivie d’échanges avec le public…

En août 2018, un mouvement citoyen prenait vie suite à une consultation publique et, peu de temps après, La Maison de l’innovation sociale sélectionnait Demain Verdun pour faire partie de la première cohorte de son programme appelé Incubateur civique.

Les semaines, les mois, se sont alors enchaînés à une vitesse folle, avec l’espoir de faire progresser le mouvement pour le rendre plus mature, de partager et transmettre les acquis de l’Incubateur avec les autres leaders et les différents membres actifs du mouvement…

Dans cette course folle remplie de moments exaltants, mais aussi de stress et de fatigue, j’ai commencé à ressentir une discordance entre mes valeurs fondamentales et mon désir de mener à bien ce projet.

Dans mon bloc de condos, il y a 9 unités. Les bâtisses de 9 unités et plus ne participent pas à la collecte du compost de la Ville. J’ai alors entrepris d’aller porter mon bac de compost chez une voisine et amie qui habite à quelques blocs de chez moi (merci Carole !!). Au bout de plusieurs semaines, bien qu’ayant diminué mon implication dans Demain Verdun à un niveau très respectable, je n’avais plus assez d’énergie et plus envie de continuer cette routine et j’ai cessé de composter.

J’avais aussi commencé une liste d’habitudes que je voulais intégrer dans mon quotidien pour être plus cohérente avec mes valeurs environnementales en m’aidant du livre Tendre vers le zéro déchet de Mélissa de la Fontaine. J’avais écrit toutes les habitudes que je considérais comme étant cohérentes, pour m’encourager, et toutes celles que je voulais modifier. Parmi celles-ci, figurait la décision de diminuer, voire d’éliminer le gaspillage alimentaire. À courir partout, à vouloir toujours faire plus dans le mouvement, je n’avais souvent pas le temps de cuisiner comme avant, même si mon mari et moi nous partageons la gestion et la cuisine des repas une semaine, une semaine. Chaque semaine, je jetais des légumes que j’aurais pu cuisiner en salade ou en potage. Quand on sait ce que ça prend comme énergie pour cultiver et transporter la nourriture et que celle-ci se retrouve dans notre poubelle, ça fait mal au cœur !

J’ai alors décidé de diminuer au maximum mon implication dans le mouvement, le temps qu’il le faudrait, pour retrouver le temps, l’énergie et le goût de vivre au ralenti, de cuisiner les restants, de coudre, de lire, de m’ennuyer. Oui, de m’ennuyer !

Audrey m’avait introduite, l’an dernier, au concept de décroissance et je serais vraiment pourrie pour expliquer en détails ce que c’est. Ce que je sais par contre, c’est que depuis que j’ai appris à ME dire non au désir de prendre part à d’autres projets de Demain Verdun, j’ai commencé à retrouver ma cohérence interne.

Pour m’’initier à la cuisine vegan, j’ai entrepris de cuisiner avec une amie (merci Julie-Andrée !!) nos coups de cœur respectifs, un dimanche par mois lorsque c’est possible, simplement pour le plaisir d’augmenter mon répertoire de recettes. J’ai aussi pris plaisir à cuisiner pour une autre amie (ma belle Diya), puis je me suis remise au compost en plaçant mon petit bac dans le congélateur pour éviter la propagation de mouches. Enfin, j’ai entrepris de modifier tous les vêtements que je ne portais pas à cause de légers défauts avant d’en confectionner de nouveaux.

Ce soir, lors d’un souper de bénévoles auquel mon mari avait été invité, j’ai revu des gens impliqués dans le mouvement et des idées de projets qui me rejoignent beaucoup ont germé (merci Francis !!). Ce sera pour l’automne prochain !

Agir seulement sur le plan individuel pour assurer une transition écologique est aussi discordant pour moi que de crier haut et fort que seul un grand changement systémique pourra en venir à bout.

Demain Verdun est tout plein de potentiels et rempli de promesses et je ne voudrais en aucun cas décourager les gens de s’impliquer. La plus grande des motivations, lorsqu’on est pris dans le tourbillon, c’est de sentir qu’on fait partie du collectif. Certains membres vont prendre un café ensemble, d’autres vont assurer un service à distance toujours fiable et respectueux (merci David !!), certains deviennent des amis, d’autres ne sont que de passage mais nous font évoluer à une vitesse éclaire. Pouvoir compter sur un certain bassin de bénévoles actifs permet de répartir les différentes tâches et responsabilités et, plus le collectif apprend à se connaître, plus le désir de se revoir est manifeste.

Lors de la Grande manifestation pour la planète, le 27 septembre dernier, il faisait bon de voir une belle gang se donner rendez-vous devant le métro Verdun pour se rendre au Mont-Royal. Même si on s’est rapidement perdu dans la foule, même s’il y a eu une confusion concernant la bannière qui a fait en sorte que personne ne l’avait apportée, l’énergie, l’espoir et la cohérence interne ressentis ce jour-là valaient leur pesant d’or.

Merci !

Emmanuelle

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