Un jour à la fois

Un jour à la fois



Les premiers jours qui suivent les annonces-chocs des 12 et 13 mars 2020 me paralysent.
Je ne panique pas, j’en suis tout simplement incapable.
C’est comme si quelque chose de plus grand que moi déferlait soudainement dans mon quotidien, sans que je puisse réagir.
Cela m’écrase, me rend passive et je fais, étonnamment, de très bonnes nuits.

Peu à peu, j’apprivoise tant bien que mal ce nouvel ordre des choses; pour la première fois de ma vie, vivre un jour à la fois est devenu impératif, car planifier et se projeter dans un futur même très proche me semble être un exercice inutile, dangereux, vain…

La vie se réorganise pas à pas dans ce chez-nous que l’on redécouvre. Mon ego nouvellement confiné en prend pour son grade : désormais, on fait les choses comme on peut et je ne suis plus la femme, la mère, la conjointe, l’employée que j’étais avant le 12 mars.

Revoir nos attentes à la baisse, renoncer, lâcher prise : plus facile à écrire qu’à vivre !

1-2-3, ça va bien aller.
Ça, pour moi, c’est ce qu’on dit aux enfants; très sincèrement, nous avons l’obligation morale de nous dire et de dire haut et fort : oui, ça va « aller » (ou du moins à peu près, espérons-le) si on accepte de changer… Tout un programme ! Mon hamster intérieur confiné me fait progressivement réaliser que je n’ai plus envie de reprendre ma vie d’avant, cette vie où on court, on court encore et toujours. Mais après quoi au juste ?

Laurence de Launoy

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