Manifeste du passant anonyme

Texte lu lors de la soirée ‘Entre voisins’ du 26 août 2021

tu me vois à la recherche

des magasins d’orthopédie

et des académies d’art à Verdun c’est moi qui trébuche

entre la fiction et la réalité

du compte de Salinger

La période bleue de Daumier Smith

sur l’avenue piétonne

nous attendons pour traverser c’est toi en tricycle électrique c’est moi à Bixi

tes décibels me font voyager

vers l’univers country western

au parc des Berges

c’est toi avec tes enfants

au bout d’un cerf-volant

à cinq cordes

presqu’un instrument de musique

que tu peines à faire voler

c’est moi chez Loco

qui remplis de déodorant

mon pot de cornichons vide

c’est toi qui m’enseigne sans le savoir

à me servir de la machine

pour le savon à vaisselle

c’est toi à la Tienda

de Compostelle

à ton cou le T en boi

de Saint-François d’Assis

tu prends un café en lisant

presque à voix haute

c’est moi à la Branche d’olivier

pots d’aubergines d’olives

et d’anchois à la main

je ne peux pas te dire pourquoi ça me rend heureux

mais ça marche

mieux que toute thérapie

c’est toi à côté de la ruelle

qui enlèves l’enseigne du garage

il n’y a pas de droits acquis

pour les gratte papier

de Lord Wellington

comme j’aimerais t’aider

chez Gaetane devant le miroir

c’est toi qui me raconte

du déménagement forcé d’ainées

dont l’édifice sera démoli

et passes le clipper autour de mon oreille

c’est toi au stationnement Éthel

nous peinturons des colonnes avoisinantes

avec les mêmes couleurs

tu es bien plus originale que moi

c’est moi seul dans mon appartement

qui apprend à jouer la guitare

pour qu’un jour nous puissions chanter ensemble

jusqu’à l’aphonie même s’il n’y a pas de feu de camp

dans la fête du quartier

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